Représentation

[ . . . ] wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww Que certains artistes se soient donnés pour but de représenter le monde, cela ne fait aucun doute, pour autant, on ne peut pas faire de cette évidence une restriction.

Dans ce débat, il serait tentant de brandir l’art abstrait en contre-point à la représentation, mais avancer ce seul déni occulterait l’utilisation de l’image mimétique à d’autres fins que la représentation de son référent, je veux parler de la présentation (de ce qui n’est, justement, pas représenté). wwwwwwww [ . . . ] wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww Kant distingue trois formes de présentation : la présentation schématique […], la présentation symbolique […] et la présentation sublime qui selon l’expression même de Kant est une « présentation négative ».

La présentation sublime ne repose pas sur un jugement de goût, elle ne suppose donc pas (au moins pour Kant) un plaisir partagé (ce qui est le cas du beau et de la présentation symbolique), pour Lyotard, elle a en charge de « présenter qu’il y a de l’imprésentable wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww [ . . . ]

Iconophilie et iconoclasme wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww wwww [ . . . ]

Icône

[ . . . ] wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww L’icône appelle donc à son propre dépassement, son symbolisme n’est pas une finalité, il sert une déstructuration de la représentation en vue de son affaiblissement, en vue de l’effacement du visible au profit de la présentation.

L’icône, ainsi abstraite – pour partie - de la représentation (par la quasi sérialité, par le symbolisme « déstructurant ») et abstraite du discours narratif (par la « forte impression de frontalité »), s’éloigne, peu à peu de son référent. wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww Ainsi, pratiquement vidée de tout contenu référentiel, l’icône, tendant à n’être plus, au delà de toute considérations religieuses, que présentation de la présence, se donne, à son spectateur, dans le silence d’un face à face muet. wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww C’est dans ce sens, et dans ce sens seulement, me semble t-il, qu’elle peut, paradoxalement, être dite iconoclaste (acception actuelle), et cela sans aucune visée péjorative.

L’icône, mixte d’iconophilie et d’iconoclastie propose un art complexe qui, s’appuyant sur la représentation dans un but de présentation, met à mal la représentation. wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww Cette « mise à mal », provoquant une défaillance de l’image, fait d’elle une « présentation négative » donnant « à voir » l’invisible (qu’il soit Dieu, simple être là ou encore simple présence de l’œuvre[1] renvoyant son spectateur à sa propre présence[2]) dans le visible. wwwwwwwwwwwwwwwwwwww Par là, alors qu’elle participe pleinement de la présentation symbolique, n’annonce-t-elle pas la présentation sublime, au moins au sens où Lyotard l’entend ?

Peut-être même, préfigurait-t-elle diverses voies que l’art contemporain, dans certaines de ses manifestations, emprunte :  la mise en série, la frontalité, la critique de l’originalité, la critique de la notion d’auteur ; toutes concourant à la critique de la notion d’art ?



[1] Pour l’œuvre d’art, la simple présence c’est se maintenir dans cet « instant discret qui vient du néant », c’est ne se révéler être que dans son apparaître. retour

… la présence, c’est ce qui nous désigne, dans une allusion indirecte et troublante l’événement minimal de la chose : l’instant fragile de son apparition, son « apparaître ».

[2] ce qui éveille ma conscience, ce n’est pas cette chose, c’est sa donation du présent  qui me rend, moi-même présent.retour

Présentation – Représentation